Histoire

CHAMEYRAT d’hier à aujourd’hui…

Le château de Chameyrat est le seul témoin qui reste de l’appartenance de la paroisse à la vicomté des Turenne de 1230 à 1738. A travers le temps, il a gardé le nom de « Château des Turenne ».

Aux environs du Xe siècle, la paroisse de Chameyrat appartient à l’abbaye de Beaulieu. Sous prétexte de la protéger, les Seigneurs de Malemort s’y installent et l ‘enlèvent à Beaulieu. En 1230, Allemande de Malemort épouse un cadet de la famille de Turenne qui  à la mort de son frère aîné devient vicomte de Turenne. Chameyrat  entre alors dans la vicomté  où elle restera jusqu’en 1738, date à laquelle le Duc de Bouillon, dernier Vicomte, vend son domaine au roi Louis XV.

La Vicomté  de Turenne s’étendait sur une partie du Quercy où elle comptait 48 paroisses et une partie du Bas-Limousin où elle en comptait 59. Chameyrat était la dernière au Nord. Le poteau frontière se trouvait près de Poissac, au lieu-dit « le Pilou ».

La Vicomté de Turenne fut jusqu’en 1738 un état souverain à l’intérieur du royaume. Elle avait ses assemblées d’Etat, ses organisations administrative, judiciaire et fiscale propres. Les habitants jouissaient de nombreux privilèges qui disparurent brutalement lorsqu’ils furent intégrés dans le royaume : privilèges fiscaux, les impôts payés au vicomte étant bien inférieurs à ceux que leurs voisins payaient au roi.

Sur le plan judiciaire, la vicomté était organisée en châtellenies, juridictions établies autour d’un château où le seigneur haut-justicier établissait ses officiers : juges, lieutenants, procureurs d’offices. Chameyrat fut le siège d’une châtellenie et le château qui en était le centre abritait cette administration.

Comment était ce château ? A quelle époque fut-il construit ? Victor Forot, érudit corrézien, le premier à avoir écrit en 1907 une monographie de Chameyrat « un domaine royal en Bas-Limousin », situe sa construction au XIV siècle. La description qu’il en fait en  1907 n’est pas très différente  de celle qu’en fera en 1931 l’abbé Chèze, curé de la paroisse, dans sa monographie de la commune.

Le château est alors composé d’un rez-de-chaussée, surmonté d’un étage, grands corps de bâtiment auquel sont attenantes à droite et à gauche deux tours renfermant les escaliers du château : la tour de droite carrée, la tour de gauche ronde. D’après l’abbé Chèze, cette dernière, crénelée, était couverte d’une charpente et d’un toit conique qui en 1905 fut remplacé par un ouvrage en ciment L’escalier de pierre qui est à l’intérieur desservait l’aile septentrionale qui a disparu et a été remplacée par une grange construite en 1915. Sur l’emplacement de cette grange était peut-être une cuisine, des restes d’un four avec des cendres y ont été trouvés. Un escalier en pierre conduit à une cave voûtée qui existe toujours. Actuellement, l’escalier hélicoïdal en pierre de la tour ronde dessert le rez-de-chaussée, le 1er étage et le grenier du corps de bâtiment.

La tour carrée qui desservait la partie droite a été démolie dans les années 1950. Cette partie droite, restée propriété privée, comporte une cheminée imposante en rez-de-chaussée

Actuellement, la partie gauche du bâtiment se compose de vastes salles à plafonds formés de poutrelles menuisées avec goût. Elle possède une cheminée aussi imposante que celle de la partie privée.

Tel est le château des Turenne, témoin et participant de l’histoire originale d’une paroisse qui vécut pendant cinq siècles en marge du royaume de France. Il fait partie de notre mémoire, de notre patrimoine et à ce titre devait être sauvegardé.  C’est désormais chose faite puisque la municipalité a fait rénover la partie communale de l’édifice. Le petit bâtiment qui prolongeait la grange du château a été démoli et remplacé par une construction moderne utilisant des matériaux nobles : cuivre patiné, bois, pierre.

La salle de l’ancien château qui a conservé ses vieilles poutres et sa cheminée est devenue la salle des mariages et des réunions du Conseil municipal. La grange est aménagée en bureaux modernes pour recevoir les services de la mairie : accueil, secrétariat, bureaux des élus, archives.

Ainsi rénové, le château des Turenne retrouve vie et devient la maison commune.

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